Un dernier texte pour un prochain livre : DILUTION.

Mes yeux bleus.

Le bleu de mes yeux est dilué dans une absence de regards.

Le bleu délavé est une couleur
qui s’écoule dans le ru de mes aventures de clair-obscur.

Je n’ai plus d’écoute
plus de parole
plus que le bleu de mes yeux
pour ne plus rien voir
d’autre…
que le bleu dilué dans le jaune
dans le rouge
dans le violet
dans le vert
et le vert dans le bleu…
bleu cyan secondaire lumière.

Je suis déterminé à ne pas laisser mon bleu se diluer dans le blanc muet
ni dans le noir de la cécité verbale.

… Je voyais le sourire des femmes se baigner dans les flots bleutés de mes regards
j’étais alors une plage de sable arc-en-ciel.

Je voyais
entendais
parlais
… et mes yeux ont commencé à décatir.

Puis leur bleu à se mélanger avec des regards de toutes les couleurs
même pas des primaires lumières.

Des couleurs bâtardes et
vulgaires
comme le rose
l’orange
le kaki
le brun
comme certains gris…
Pas celui des cendres
c’est ce gris-là qui a migré de ma langue
dans mes yeux.

Car mon histoire est comme la couleur de la mer
elle dépend de celle du ciel.
Les femmes ont cessé de se baigner dans mes regards
lorsque l’azur est devenu boueux.

Alors ne plus les voir…
ne plus les entendre…
ne plus leur parler…

Serais-je le poète gris des déterminants ?

Par jalousie les femmes ont fait vieillir le bleu de mes yeux.

Je suis devenu
un poète incolore sans visions déterminatives.