Livre CAPHARNAÜM

Recueil de poèmes CAPHARNAÜM

 

 

livre-capharnaumPREFACE

Mandin a placé en épitaphe de son recueil Capharnaüm, une sentence de René Char, extraite de : la Parole en archipel. Et dont une phrase m’est familière depuis longtemps : « … les poèmes sont des bouts d’existence incorruptibles que nous lançons à la gueule répugnante de la mort… »
Ce choix situe d’emblée la démarche du poète ; nous comprenons que pour lui, l’écriture poétique est une question de vie ou de mort.
Curieusement, au fur et à mesure que l’on avance dans ce recueil,on constate que le mode d’écriture de Mandin, s’il se place sous l’égide du poète de l’Ile-sur-Sorgue, n’a qu’un lointain rapport, à mes yeux, avec la façon d’écrire de Char. Chez celui-ci tout est lapidaire, ramassé, dense, obscur parfois – comme on le disait d’Héraclite – chez Mandin, le ton, le style, le rythme sont plus proches d’un Prévert, d’un Queneau ou d’un Tardieu ; dérision et ironie comprises –
En lisant certains textes, j’ai même pensé à mon ami Raymond Devos, grand manipulateur de vocables.
J’ajouterai, chez Mandin, le côté iconoclaste et provocateur : « … Jésus s’est réincarné dans des souvenirs comateux…. »
Je ne m’étonne guère qu’ailleurs Mandin fasse référence à Cioran quand il affirme qu’il est vain de refuser ou d’accepter l’ordre social – et cela se traduit chez lui par cette formule peu banale : « …Il est entré dans le maquis de son dedans… » Michaux n’est pas loin.
En lisant Capharnaüm, je suis allé de surprise en surprise, avec, par exemple, ce poème-histoire intitulé : « La Femme du ménage » ; il met en scène deux femmes de ménage, un petit garçon qui a la passion des fraises et une mouche. La fin de l’histoire surprendra plus d’un par son contenu psychanalytico-burlesque.
Une deuxième partie de Capharnaüm est placée, elle aussi, sous l’égide de René Char avec la célèbre formule qu’on peut lire sur une plaque apposée sur la façade de la maison qu’occupa le poète rue de Chanaleilles à Paris :  » Le poète doit laisser des traces de son passage, non des preuves. Seules les traces font rêver. » Là encore, je ne vois guère le rapport, ou alors je n’ai rien compris au film, entre ce qu’écrit Char et ce qu’écrit Mandin, à l’exception des pleins et des déliés des Dentelles de Montmirail. Certes, on peut lire des phrases lapidaires comme celle-ci : Si l’amour sert à aimer alors aimer sert à quoi ? »Mais cela ne ressemble guère à Char. Et c’est très bien ainsi, car il serait dommage que Mandin ne fût qu’un épigone du géant de l’Ile-sur-Sorgue, qui en a compté beaucoup.

Il y a chez Mandin une fantaisie, une allégresse – ambiguë parfois – qui n’existent pas chez René Char. Finalement, il me semble que ce poète, qui accorde beaucoup d’importance à l’acte poétique, ne se prend pas au sérieux quand il écrit des poèmes (mais je me trompe peut-être ? )
La lecture d’un poème comme : « Poser un lapin au temps »; apporterait plutôt de l’eau à mon moulin. Et en plus ce poème a été écrit pour son fils Paul, donc pédagogique ou édifiant.
Enfin, je signalerai une autre corde à l’arc poétique de Mandin : celle de la sensualité qu’il traduit dans des blasons du corps féminin, comme cela se pratiquait dans la poésie ancienne. Et là, Mandin cite ces deux vers de Remy de Gourmont, qui m’ont toujours fasciné, je ne sais pas pourquoi :
« …Simone, il y a un grand mystère
dans la forêt de tes cheveux… »
Cette mosaïque antique n’est pas ce que je préfère chez Mandin, mais je dois reconnaître que ces blasons sur les yeux, la bouche, les lobes, les tétons et autre nombril sont d’excellente facture.
En fin de compte, tous les poèmes qui composent Capharnaüm sont à l’image de l’homme Mandin tel qu’il m’est apparu lors de notre première rencontre ; aimable, courtois, élégant, lucide, cultivé, un rien désabusé ou sarcastique mais avec, en lui, une passion intacte : La Poésie.

JEAN ORIZET

 

(quatrième de couverture)

Mon cher Jean Orizet

Je ne doute pas que mon impertinence « d’utiliser » René Char, surprendra plus d’un visiteur… mais si un poète doit laisser des traces (des poèmes comme les tesselles d’une mosaïque) il ne doit pas pour cela mettre ses traces dans les rêves d’un autre, fut-il son père, son mentor, se femme de ménage ou son pire ami. René Char est mon ami, mon amitié (dans un seul sens pour cause de décalage horaire ) s’est tissée en le lisant, nous nous sommes parlé, les poètes ont des silences qu’eux seuls peuvent entendre. Baudelaire et Eluard sont aussi mes amis, sans oublier Bach ; mais comme un bateau je ne suis pas amoureux des vagues, elles me portent, me dirigent et en fin de compte m’échouent. Ma coque ne prend pas l’eau et mon tirant n’est pas obsessionnel.
Capharnaüm est un capharnaüm au sens propre, c’est-à-dire un bric-à-brac, un souk, une brocante… pour faire simple : un humain! Qui rentrerait chez lui sans y être invité, pour chercher… rien de particulier, rien de réel, une vieille émotion cabossée, une idée pour sourire.
Toute cette poussière qui recouvre ses souvenirs et autres élucubrations, est grise-dorée, c’est de la poésie brute, originelle, déposée-là par des receleurs nommés Char, Baudelaire, Eluard et tant d’autres et par vous aussi Orizet.
René Char n’a-t-il pas écrit dans les Feuillets d’Hypnos : « N’étant jamais définitivement modelé, l’homme est receleur de son contraire.»

Moi je ne suis qu’un farfouilleur poétique qui cherche un poème que personne n’a encore écrit… que personne n’a encore lu… je chine dans les émotions une idée pas trop abîmée.
MANDIN

 

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