La chevelure – les Fleurs du Mal – Baudelaire
Du fond du désert de sa solitude, Baudelaire s’évade, transporté par le souvenir d’un ailleurs idéal. L’épaisse chevelure féminine, telle une crinière, le plonge dans l’extase de l’ivresse amoureuse ; il succombe à ses sens dans un vent de liberté : elle s’offre à sa vue, se prête à la caresse, lui suggère les senteurs de continents lointains, évoque des sons et des couleurs glissants tels des vaisseaux sur son âme, envoûtant son esprit. Il dessine enfin les contours de cet infini où baigne son désir. « N’es-tu pas l’oasis où je rêve, et la gourde où je hume à longs traits le vin du souvenir ? »

On the road – Les fatrasies d’Eris – Mandin
Une guitare, une femme et l’agonie d’un amour éphémère qui demeure éternel. Sur la route sans issue, dans la Vallée de la Mort, survit un amour non loin de la terre encore chaude des Navajos et des Sioux. Mandin nous laisse entendre ce roman où les icebergs fleurissent, où l’on cueille les larmes et où l’espoir voyage à vol d’oiseau au-dessus des prairies de sable. Une étrange chanson résonne au fond de notre être, tel le rêve déchu d’un Ouest américain où les langueurs sont meurtrières.
Un poème saisissant où le songe dépose doucement ses baisers sur la terre de nuages.
L’exotisme n’a pas la même résonance pour les deux poètes. Si pour Baudelaire il est porteur d’évasion, pour Mandin il traduit le renoncement obligé et la fatalité.

Elisabeth Chaizmartin Chabrerie.

ON THE ROAD.
Les roues entraînent songs et poussières
la route qui ne va nulle part vers là-bas rôde
d’une main lectrice tu caresses mes paupières
on the slope of life ma guitare est on the road .

On the road
à perte de vue le bleu horizon
se multiplia
s’avança
à perte d’horizon la vue à raison
se magnifia
se romança
on the road
ma guitare aima tes mains
tes pouces aimèrent nos chemins.
Des mots pour faire toujours encore plus loin
Burroughs en voiture Cassidy chez Ginsberg
il faisait toujours Kerouac dans les ciels de foin
dans la Vallée de la Mort fleurissaient des icebergs…
« …quand tout le monde sera mort… »
On the road suivra la déroute du roman…
« …quand tout le monde sera mort… »
Un roman éphémère brillera éternellement.

En Californie dans l’Idaho dans le Montana
en Wyoming la poésie des Navajos et des Sioux
se mélangeait avec nos baisers dans le Nevada
nous marchions à la main sur des chemins roux
je glissais nue amoureuse sur les nuages d’argent
ma peau rosie de terre chantait un blues caramel
mes regards dans tes yeux écrivaient un roman
et cette route océane qui courait vers Carmel.

Nous avons chanté notre amour et tu es parti
vers cet état qui tua capitain américa and co.
Je cherche des fleurs vertes dans Haight Ashbury ;
un Kérouac cueillera mes larmes à Frisco.
The road partira de North Beach seule sans moi
perdue dans un vol d’oiseaux des prairies de sable
mes yeux compteront les miles qui me séparent de toi ;
On the road ma life à écrire n’en est plus capable.

Les roues entraînent des langueurs meurtrières
la route va vers un ghost motel au néon insensé
d’une main muette tu fermes mes paupières
sur le talus de ma vie ma guitare est cassée.
MANDIN