Cher Mandin,

Merci pour ce beau livre que j’ai d’abord lu en diagonale, à l’humeur ; puis texte après texte, avec émotion, moi qui connais très peu la poésie contemporaine, et admiration, peut-être un semblant d’intelligence.
L’art, l’amour, la solitude, la mort, tout cela écrit à travers les nuages, la pluie et le soleil…

J’ai lu votre livre comme un roman, où l’apprenti est d’abord petit garçon différent « semblable aux nuages », solitaire, fuyant les « enfants prévisibles », révélé à lui- même par la musique, et bientôt nuageux comme un poète; l’incertitude de l’homme inquiet de soi ou « de quoi ? », éternellement en attente, « entrebâillé « , effrayé par l’autre : « manque du plein de l’autre, vide de lui-même » et rien dès lors n’est possible que la séparation : l’image du couple Sand/Delacroix est saisissante, ou Sand/Chopin « qui aiment en chacun ce qui le fait si indifférent à l’art de l’autre  » .Impossibilité de l’amour, ou alors la mort qui enseigne la vie, qui raconte l’absence « (ANNICK). Et puis il y a la mort impossible de l’artiste qui revit à travers ses interprètes… il n’est jamais mort, « il se repose.

J’ai trouvé à travers vos textes une écriture à la fois sensuelle et aérienne qui exprime tout à fait le dilemme du poète « entrebâillé », désarmé, qui « joue à la marelle / de la terre/au ciel…/sans palet ».

Voilà ce qu’il m’est apparu en lisant « Nuages » avec un grand plaisir, l’étonnement heureux de qui découvre quelque chose pour lui d’inconnu.

Merci.

Marie