L’invitation au voyage – Les fleurs du mal – Baudelaire

La tendresse conduirait à l’amour et cet amour serait éternel puisque même la mort unirait les amants. Son chemin mènerait là-bas, dans un pays paré des qualités exquises de la jeune femme, son charme, sa douceur, sa beauté, son calme, sa volupté. Baudelaire nous entraine dans son rêve où l’impossible devient possible tels ses soleils mouillés, où le luxe parle à notre âme et où l’on s’enivre des odeurs des fleurs et de l’ambre. Il invite son amante à y régner en reine.

Rêverie d’une nuit d’été – Les fatrasies d’Éris – Mandin

Le Poète se laisse bercer par les confidences d’une femme amoureuse. Dans la lumière tamisée elle lui dévoile un songe où elle serait sa princesse devenue. L’amour serait ce rêve jamais atteint, toujours présent, où les amants découvrent un espace infini leur appartenant, fait d’arômes, de parfums et de pluie perlée dans la brume. Leur suffirait-il de fermer les yeux pour être effleuré de baisers sous la lune au firmament ?

Pour les deux poètes, le chemin conduisant à l’amour passe par le rêve.
Le soleil couchant, les teintes dorées, les senteurs, la lumière, l’aurore et le crépuscule transportent notre âme, envahissent nos sens.
Si, pour Baudelaire, le désir préfigure l’esquisse du corps féminin, Mandin en dessine clairement les contours même si celui-ci demeure impalpable.
Elisabeth Chaizemartin Chabrerie

REVERIE D’UNE NUIT D’ETE.

Je voudrais que tu fermes les volets
la fenêtre
la lumière
les yeux
te soumettre
aux voiles de mes paupières ;
à mes jeux.
Je voudrais que tu sois fougère
me couvrir de tes frondes,
donne ta main entre dans ma ronde ;
être ta douce nuit d’été.
Je suis ton songe de femme aimée.
L’amour me parfume de nuages
tes yeux jouent avec les ombres
dans tes rires aux éclats sans âge
je suis ta princesse aux voiles nuités
mon corps femme devient fumée
dans mes rêves d’une nuit d’été
dans mes songes tes rêves sombrent.
Je suis belle dans ta nuit d’été.

L’aurore me dessine des rosées
elle me parle de douces lumières
entrelacées dans des touffes dorées ;
elle me vêt de brumes perlières.
Tu perds le choix de mes yeux diaprés
sur mes paupières de ce rêve poudré.
Je suis un songe d’une nuit d’été ;
sur mes lèvres fermées de baisers.

Je voudrais sur mes seins les baumes
les parfums brumeux des fées
les vents soyeux qui bruissent
je voudrais de l’amour ses arômes
les eaux claires qui rafraîchissent.
Tu es mon prince en pluie perlée
je suis ton songe d’une nuit d’été ;
nous sommes les amants rêvés.

Je voudrais que tu fermes les volets
la fenêtre
la lumière
les yeux
te soumettre
aux voiles de mes paupières ;
à mes jeux.
Je voudrais que tu sois fougère
me couvrir de tes frondes
donne ta main entre dans ma ronde ;
être ta douce nuit d’été.
Je suis ton songe de femme aimée.

Laisse dans mes yeux le sommeil.
Laisse dans mes voiles la nuit
m’envoler dans les couchers vermeils ;
être une lune au firmament qui luit.
Toi, être un songe d’une nuit d’été.
Moi, être ton songe d’une pluie d’été
être encore après avoir été ;
dans tes bras brume y être aimée.
MANDIN