Ch. Baudelaire d'après le tableau de Courbet

LE SPLEEN CHEZ BAUDELAIRE ET MANDIN
Baudelaire – Spleen : Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle – Les Fleurs du mal
Une infinie tristesse envahit l’âme du poète. Ombre de lui-même, pauvre hère orphelin, il traîne son ennui et son esprit va gémissant. L’atmosphère pesante met son cœur en prison et le fait succomber à la désespérance. Assailli par l’angoisse, il entreprend une marche lugubre dans le silence despotique de la mort qui le persécute. Ce jour maudit, aussi noir que la nuit, traduit le chemin sans issue dans lequel il est engagé. Il subit une ultime défaite, gagné par son impuissance morbide.
Mandin – Psalmodie de l’oubli – Les Fatrasies d’Eris

Le poète vit tragiquement sa situation d’abandon. Il déambule entre un futur sans avenir et un passé qui le plonge dans la mélancolie. La perception du temps chez Mandin est subtile et laisse deviner un infini s’écoulant inexorablement contre lequel il n’aurait pas l’énergie de lutter. Victime du temps qui le trompe en le privant de perspectives affectives, il cherche à lui échapper en se réfugiant dans l’oubli, le silence et le vide. La rupture le plonge dans la solitude des amants malheureux. Pourtant l’amour est toujours présent, brûlant son cœur et consumant son âme.

Les deux poètes sont des victimes, plongées dans ce même désespoir que fait naitre la privation d’amour.
Si pour Baudelaire le spleen s’entoure des éléments de la nature (ciel, terre, pluie) pour Mandin il s’accompagne de la souffrance de la déchirure, espace blanc de ses mélancolies.
Elisabeth Chaizemartin Chabrerie

Psalmodie de l’Oubli.

Tiens-le-toi pour dit !
Et puis viendra,
le sable qui s’écoulera grain à grain,
sur l’espace blanc de nos mélancolies.
Et puis viendra, plus rien…
Ou juste l’Oubli de mes nostalgies.
Le silence des portes sans chagrin,
ne chantera plus notre fin,
et puis viendra…
Tiens-le-toi pour dit !
Un grand vide haute couture,
propre, comme une belle déchirure,
qui ne déguisera plus notre rupture
qui ne réveillera plus le chaton…
et puis viendront…
Tiens-le-toi pour dit !
Des cartes postales que tu n’écriras plus,
que je ne recevrai plus,
et puis l’Oubli…
Jouera aux rêves à rebours,
et nous fermerons l’établi
où nous inventions, les promesses d’amour.
Chacun la sienne… un dernier mot,
que tu ne diras pas !
Que je ne dirai pas !
Cette discorde tel un fardeau,
enfin méritera sa réputation,
et nous cacherons la horde
de notre solitude, sans attribution.
Ce bric-à-brac, des querelles et des cordes
dans lequel, notre avenir est une tromperie.
Restera seulement une sotte forfanterie.
MANDIN