De profondis clamavi – Les fleurs du mal – Baudelaire
Pour qui connaît la souffrance de l’abandon, cela ne fait aucun doute, Baudelaire en est bien la victime. Délaissé par son amante, il idéalise son amour perdu devenu son unique raison de vivre et se soumet à son pouvoir en implorant sa pitié. L’univers qui l’entoure prend le visage de l’horreur, du blasphème et de la cruauté ; le désespoir et le spleen envahissent le Poète.

Psalmodie du Meurtre – Les fatrasies d’Eris – Mandin
Aimer à en mourir… Mais n’accepter de mourir qu’en sa présence.
Dans un cri de révolte et de détresse, le Poète abandonné exprime sa souffrance qui atteint son paroxysme.
Conscient et lucide de sa mise en esclavage, il cherche à s’en délivrer en affrontant cette amante cruelle et indifférente, lui adressant ses quatre vérités. Il tente ainsi de se libérer de ses chaînes, de fuir le danger de son amour passionné, tel un amant sacrifié.

Pour Baudelaire comme pour Mandin le traumatisme de la séparation règne en maitre et plonge le cœur de l’un au fond du gouffre, le corps de l’autre au fond d’un ravin, le cœur criblé de couteaux.

Elisabeth Chaizemartin

Psalmodie du Meurtre.

Tiens-le-toi pour dit !
Je ne peux pas mourir, dans l’absence de ton corps.
Tiens-le-toi pour dit !
Je ne suis pas le meurtrier, de ma propre mort,
dans le fond de ton vagin,
égaré,
au fond d’un ravin,
foudroyé,
assassiné, par un amour sociopathe.
Je ne meurs pas d’ivresse,
ni même, d’une vie d’acrobate ;
lorsque tu voltiges d’allégresses.
Enfouissant mes regards accablés,
ma souffrance, se découpe en lambeaux.
Je sais les dangers d’aimer ta peau.
Je ne retrouverai jamais mon cadavre,
même, devenu tristement une larve.
Je fuis tes baisers violents,
ces homicides de mes tourments…
Que tu appelles si gentiment :
intolérance, soumission, sexisme…
Et je ne sais quoi d’autre, au paroxysme,
c’est autant de couteaux dans mon cœur ;
ce sang des tueries et des rancœurs.
Je t’écoute mentir dans mes fables,
avec des verbes trop vieux, effaçables.
Tiens-le-toi pour dit !
Le seul meurtre en notre histoire,
c’est celui de mon ombre,
que tu n’as jamais aimée.
Celui d’un bateau qui sombre,
d’un amant, à Éris sacrifié.
MANDIN