Le serpent qui danse – les Fleurs du mal – Baudelaire
Les sens de Baudelaire sont mobilisés pour savourer la beauté de son amour. Son regard dérive à l’infini dans la contemplation de son corps nonchalant qui se balance ou s’abandonne. Son âme est envoûtée par les acres parfums de sa chevelure. La grâce ambiguë de ses mouvements suggère au poète à la fois un danger à venir et l’innocence de l’enfance. S’il se laisse envahir par la froidure de ses yeux, son cœur, quant à lui, s’enivre d’un vin de Bohême à la lecture de sa bouche.
Psalmodie du serment – les Fatrasies d’Eris – Mandin
La beauté de la Jeune Fille fait succomber le Poète sous les lumières de son imagination où l’orange, le noir et le violet se côtoient. Elle l’irradie tel un soleil, le met en esclavage lorsqu’il pose sur elle son regard, lui fait subir la violence de la passion qu’elle fait naitre en lui. A la vue des formes enchanteresses de son corps, de sa sensualité magique, de sa jeunesse semblable à l’aurore florale, il s’attribue peu à peu les pouvoirs d’un Dieu qui redessine la vie sur terre. Et c’est au tour de la Jeune Fille de devenir son esclave : elle s’incline devant lui et lui voue un amour sans limite qu’elle enferme dans un serment.
La beauté engendre l’amour irraisonné et l’amour à son tour devient possession.

Si pour Baudelaire la beauté s’entoure d’un univers fait d’eau et de glace, d’or et de fer, de mer et de ciel, pour Mandin elle ne peut se passer de soleil et de pluie, d’ombres et de lumières, de fraicheur et de transparence.
Pour les deux poètes, le corps de la Jeune Fille, source de beauté, déclenche les passions.
Elisabeth Chaizemartin Chabrerie
Psalmodie du serment.

Le soleil frappe le volet violacé.
Un nuage noir déchiquette le ciel orangé,
des lumières complices, et malveillantes,
dessinent une béance rougeoyante.
Tu tombes nimbée de pluie,
sur mon être tant asservi.
Tu me pénètres, par chaque pore,
dans mes alvéoles tu déposes tes ors,
tu irrigues le calme de mes nerfs,
tu reviens, vers mes yeux à l’envers.
Ce qui est un rêve, tu l’appelles : regard !
Tu ouvres la porte, tel un pillard
tu entres avec la lumière de midi
pour m’aimer toute la vie.

Tiens-le-toi pour dit !
Me dis-tu.
Je fais taire les oiseaux têtus,
mets des ombres sur tout ce qui luit,
gomme les angles pointus, et fendus,
fais couler l’eau, des rosées emprisonnées.
La fraîcheur arrive à l’ourlet
de tes pacotilles, dans ta mousseline irisée.
Ton corps de ciel et d’aurore florale
devient transparent, et boréal.
J’aime sans raison toutes tes vénustés.
Ta complétude sensuelle me trouve dévasté.
Les formes de ta magie embellissent
tous mes espoirs, tant, désespérés.
Ton corps est un poème réincarné,
puzzle des mots de toutes tes beautés.
Tu me dis, comme si tu parlais à la mort :
je t’aimerai toute la vie et même plus sans remords.
Qu’Éris m’enlaidisse si je romps mon Serment !
MANDIN