Livre Kara Sou

Roman publié en 2018

PREFACE de Amy Lou.

Kara Sou est une drôle de femme et tous ces romans mélangés une drôle d’histoire. 

Plongée dans la déchéance, enlisée dans le vice, méprisée sous le regard des hommes, Kara Sou avance seule dans sa sombre vie, aussi obscure que son corps. Que connaît-elle de l’amour ? Pauvre hère balloté de toutes parts, pataugeant dans la misère, la Kara Sou de nos campagnes se terre aussi dans nos villes…  Odeur d’église sous le mystère de ses jupes, poussière grise dans la poudre d’or de ses rêves, fumée noire des cauchemars de son quotidien, cette femme se remémore, abandonnée à la solitude et à l’abject.

 Ne pas la laisser seulement pour un corps…

 Si elle a maille à partir avec le perfide Compendieux dans le rouge du sang et le jaune de la paille, avec le sordide Florès, véritable blasphème ambulant faisant profession de foi de ses vices, ce n’est pas son choix.

 Elle n’a jamais choisi

« Kara Sou doit traîner les pieds de son histoire en se faisant prier de bien vouloir rentrer chez elle. »

Une histoire, véritable vision kaléidoscopique de personnages…Tel un prisme décomposant la lumière, Mandin nous entraîne avec constance et opiniâtreté dans l’analyse et la déchéance de la nature humaine.

Peu à peu nous nous imbibons du ressenti et des confidences de la créature hybride, véritable gorgone. Ne se lavant jamais autre part que dans les pleurs scolastiques de ses clients, maîtres du destin des femmes.

Un regard philosophique sur des récits bibliques revisités, destinés à choquer ou à dénoncer ce que le mensonge est à la parole,  ce que la parole est au mensonge… « Plus ce sera absurde, plus l’irrationnel cautionnera et plus le sacré tuera la raison du croyant. »

 L’invitation à une étrange interprétation, celle d’un certain Florès, ange maléfique transformant le récit en mythe. « Florès déverrouille les chaînes des origines, n’accepte plus les fables désuètes des historiens, n’écoute plus les obsécrations des docteurs. Il décloue Emmanuel… et se réveille ».

Le jugement que nous portons sur ce récit dévoilerait ce que nous sommes… donc ne le jugeons pas. Mais cette lecture ne laissera pas notre âme indemne.  En effet si elle est censée s’adresser à notre intellect elle transite sournoisement par notre corps tant les mises en scène de l’auteur, noires peintures de la perversion, sont tracées au couteau.   

« Juges et parties, à chaque instant, victimes de nos répugnances et de nos fantasmes, nous risquons de lâcher la proie de l’écriture pour l’ombre de la représentation et de devenir ainsi vertueux qui s’ignore, pervers qui regrette la vertu, les ombres de l’écriture sadienne… » Cette réflexion de Philippe Sollers s’applique aussi à ce roman Kara Sou de Mandin. Mais aussi, écrit en 1992, il nous parle déjà de la Femme, qui ne sera plus jamais une actrice du cinéma des hommes.

Kara Sou est une Marie Madeleine qui ne se jettera plus jamais aux pieds d’un maître. Elle est une rencontre, hors des livres, proposée par Mandin. Cela me donne à penser : je serais tentée de trouver des points communs entre la démarche de Mandin et celle du peintre Jérôme Bosch. Tous les deux sont des observateurs de l’homme inspirés par des visions, fruits d’une imagination cruelle qui déforme la nature, détournent, oppriment, dérangent son sens de la réalité. Que ce soit avec des mots ou des pinceaux, ils inventent chacun à leur façon des formes hideuses et monstrueuses pour avilir et rendre odieux le psychisme décadent de leurs personnages. L’inattendu les intéresse, la norme les laisse indifférent ainsi que la vie sans les rêves. Des créateurs avant tout… de prodigieux créateurs.

Amy Lou

 

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